Tanguy De Williencourt, Guilhem Fabre.

Twins pour deux pianos. Salle Cortot

11 Février 2011.

Réalisation Arpeggio films.

«Twins» is an opus for two pianos in seven paintings, a sound echo of the 11 September 2001 attack in New York against the Twin Towers of manhattan. from his window, a terrified office worker witnesses the general devastation.

 

This opus evokes the dizzying fury of a collective drama where every individual destiny has suddenly been taken hostageby our contemporary history.

 

very often in my musical writing, i am influenced by early myths. here, «Twins» can be heard as a sound armageddon, an event that occurred in our time but that also takes place in the redundant times of humanity.

 

Writing “ wins" was for me to make an emotional journey in resonance with New York traumatized by this unprecedented attack. It was for me a work of exorcism of the terror, a recurrent fantasy in my musical works that often take contemporary catastrophes as raw material.

 

Above all, i wanted to explore the sound spheres of the little intimate minutes that preceded the attack, those of the attack itself and those of the subsequent daze. I wanted this, not only as a story but also, in a somewhat phenomenological way, as a succession of emotional states that only music could finally account for.

 

In my musical imagination, I closed my eyes to hear a sound metaphor of the din of this apocalypse annihilating a part of Manhattan, a paragon of our modern world.

 

Symbolically, I associated two pianos so that they could talk to each other, as the two Twin martyr towers “looked at each other” as they collapsed. sometimes the two instruments support each other, sometimes they stray from each other, irreversibly to evoke noises like incredible silences, probably even new ones.

 

But how to account for these «new sounds», through which musical text? In order to find sound equivalences to the event itself, and beyond the concrete music that is not for me a narrative solution, i sought to create an emotional fabric in the listener from a post-process modern that would combine repetitive rhythmic structures, sometimes truncated pulsations and melodic fragments. This globalizing musical approach, of a voluntary theoretical fragility seemed to me to respond well to the primary emotional objective.

 

Finally, there was also a merely humanistic intention. New York is the cosmopolitan city” par excellence”, the receptacle of cultures from all over the world. the vertigo of this coldly programmed destruction threatens us all. we cannot remain in the silence of the “Ground Zero”.

 

“Twins" can then also be heard as a kind of wordless requiem, a minimalist requiem carrying in it a message against intolerance, that intolerance without memory which, beyond the widespread western culpabilities, has unjustified sacrificial consequences.

 

 

 

 

Le sujet

 

« Twins » est un écho sonore en 7 tableaux de la journée tragique du 11 septembre 2001 à New York.

Chacune des deux tours aujourd’hui disparues est ici symboliquement incarnée par ces deux pianos, deux jumeaux pour la circonstance, de véritables twins…. À travers  sept courts tableaux, ils vont se parler dans leur agonie commune et se répondre l’un l’autre jusqu’au néant final.

Pour évoquer cette métaphore de la vie qui se brise, j’ai donc dégagé  successivement sept temps forts significatifs :

Yellow Cabs,  c’est d’abord la frénésie du quotidien, celle d’une ville particulièrement cosmopolite ( d’où le choix des fameux taxis jaunes avec leurs chauffeurs venus des quatre coins du globe). Il y a là  comme quelque chose de presque rassurant, comme la vie qui ne s’arrête jamais.

From My Window parle aussi de cette fausse insouciance du quotidien à travers l’image d’un homme seul contemplant la rue depuis la fenêtre de son bureau, comme dans un tableau du peintre Edward Hopper par exemple. Peut-être fait-il d’ailleurs déjà partie des victimes sans le savoir ….

Avec Air Strike, les moteurs des avions-suicides se glissent  déjà dans notre oreille, par vagues successives et de plus en plus menaçantes.

City Fire Brigade fait entendre l’arrivée des premiers secours. C’est la panique qui l’emporte alors sur tout le reste…

One Hundred and Ten Floors évoque les tentatives d’évacuations qui se transforment vite en chaos général dans les 110 étages des tours.

Avant-dernier tableau, vient ensuite The Trap, le piège qui se referme sur tout le monde. Ce tableau commence par une première phrase nostalgique où chacun peut déjà pressentir sa propre fin. Il se termine  par une bizarre anarchie rythmique, celle des cœurs qui s’affolent et qui vont bientôt cesser de battre.

 

Et enfin, Ground Zero  évoque en canon et de façon minimaliste ce faux silence de la Mort qui parvient toujours à se faire entendre et qui, une fois de plus, aura triomphé ce jour-là.

Intention

« Twins » est un opus pour deux pianos en sept tableaux, un écho sonore de l’attentat du 11 septembre 2001 à New-York contre les tours jumelles de Manhattan.

Depuis sa fenêtre, un employé de bureau terrorisé assiste à la dévastation générale.

Cet opus évoque la fureur vertigineuse d’un drame collectif où chaque destin individuel s’est trouvé soudain pris en otage par notre histoire contemporaine.

 

Très souvent dans mon écriture musicale, je suis influencé par des mythes premiers. Ici, « Twins » peut-être écouté comme un Armageddon sonore, un événement survenu à notre époque mais qui s’accomplit aussi dans les temps redondants de l’Humanité.

 

Ecrire « Twins » consistait pour moi à me frayer un chemin émotionnel en résonance avec le New York traumatisé par cette attaque inouïe. C’était pour moi un travail d’exorcisme de la Terreur, un fantasme récurrent dans mes travaux musicaux qui prennent souvent des catastrophes contemporaines comme matériau premier.

 

Je voulais surtout explorer les sphères sonores des petites minutes intimes qui ont précédé l’attentat, celles de l’attentat lui-même et celles de l’hébétude qui s’en est suivie. Je voulais cela pas seulement comme une histoire mais aussi, de façon un peu phénoménologique, comme une succession d’états émotionnels dont seule la musique pourrait finalement rendre compte.

 

Dans mon imaginaire musical, j’ai fermé les yeux pour entendre une métaphore sonore du vacarme de cette Apocalypse anéantissant une partie de Manhattan, parangon de notre monde moderne.

 

Symboliquement, j’ai donc associé deux pianos pour qu’ils se parlent, comme les deux tours jumelles martyrs se sont « regardées »mutuellement en train de s’écrouler. Tantôt les deux instruments se soutiennent, tantôt ils s’éloignent l’un de l’autre, irréversiblement pour évoquer des bruits comme des silences incroyables, sans doute même inédits.

 

Mais comment rendre compte de ces « sons inédits », à travers quel texte musical ? Pour trouver des équivalences sonores à l’événement lui- même, et au-delà de la musique concrète qui n’est pas pour moi une solution narrative, j’ai cherché à créer un tissu émotionnel chez l’auditeur à partir d’une démarche post-moderne qui combinerait structures rythmiques répétitives, pulsations parfois tronquées et fragments mélodiques. Cette démarche musicale, globalisante, d’une fragilité théorique volontaire me paraissait bien répondre à l’objectif émotionnel premier.

 

Enfin, il y avait aussi une intention simplement humaniste. New York est la ville cosmopolite par excellence, le réceptacle de cultures venues du monde entier. Le vertige de cette destruction froidement programmée nous menace tous. Nous ne pouvons pas rester dans le silence du « Ground Zero" 

 

« Twins » peut alors aussi être écouté comme une sorte de requiem sans paroles, un requiem minimaliste portant en lui un message contre l’intolérance, cette intolérance sans mémoire qui, au-delà de culpabilités occidentales largement répertoriées, a des conséquences sacrificielles injustifiées.